There is always going to be that one bitch you'll feel the urge to punch in the face everytime you see her.[Aileen D.]

Avec un soupir, je lus pour une énième fois l'adresse que j'avais notée sur un bout de papier. Vu le nombre d'informations dont je disposais sur lui, le détective que j'avais engagé avant de venir n'avait visiblement pas eu énormément de mal à retrouver Nolan : J'avais son adresse, son numéro de téléphone, son lieu de travail et même certaines précisions dont je me serais bien passée. Comme le fait qu'il vivait en couple, par exemple. Pour le coup, ça... Je dois bien avouée que je ne m'y étais pas attendue et que je n'y avais même pas pensé en allant voir Nolan quelques jours plus tôt alors qu'en réalité, ça me donnait très clairement envie de lui mettre une bonne paire de baffes. D'accord, je n'étais pas une sainte non plus et d'accord, j'étais moi-même mariée. Mais quand même. Surtout que Nolan avait osé me mettre dans les dents le fait que je sois mariée alors que lui... Lui vivait en couple. A mes yeux, c'était encore pire. Je veux dire... Il avait une petite amie, dont il était probablement amoureux. Ou pas. En fait, je n'en savais absolument rien et je devais bien avouer que le détective était resté assez vague à ce sujet : Il vivait avec une femme, c'était certain, mais il n'en savait pas vraiment plus. Il n'avait pas cherché plus. Après tout, ce n'était pas ce que je lui avais demandé. Avec le recul, je dois dire que je regrettais d'ailleurs un peu de ne pas avoir cherché à en savoir plus : J'aurais voulu savoir qui elle était, ce qu'elle faisait dans la vie, où ses parents habitaient, où elle allait faire ses courses, quelle marque de sous vêtements elle affectionnait. Oui, j'étais dingue. Enfin... Sur ce coup là, j'avais l'impression de le devenir en tout cas. En temps normal, je n'aurais pas été spécialement jalouse, je n'étais pas forcément du genre à m'émouvoir pour un oui ou pour un non, mais là... Après la manière dont Nolan m'avait jeté... J'avais très clairement envie de haïr quelqu'un et ce quelqu'un, c'était cette femme. Sincèrement, je pense que je n'avais jamais autant voulu de mal à quelqu'un qu'à cette... Cette... Je ne savais même pas. Je ne la connaissais pas, en réalité. Et c'était justement la raison de ma venue.

Est-ce que j'avais vraiment envie de faire ça ? Sincèrement, non. Pas du tout, même. Sur une échelle de 12 à 346 -oui, j'aime les échelles improbables- disons que j'avais envie de débarquer chez Nolan pour réitérer une scène d'humiliation cuisante à environ -122. Et pourtant, je me tenais bien devant la porte de son appartement, hésitant à frapper depuis au moins cinq bonnes minutes. Je ne savais pas quoi faire. D'un côté, je ne me faisais pas à l'idée de rester sur cet échec cuisant et d'un autre, je ne voyais absolument pas l'intérêt d'aller me confronter une nouvelle fois à un mur. Mais quelque part, je savais bien que je ne venais pas pour Nolan : Je venais pour cette femme. Je voulais savoir à quoi elle ressemblait, entendre le son de sa voix, observer sa manière de bouger... Je voulais savoir qui m'avait volé Nolan. Qui il pouvait préféré à moi même si, concrètement, il aurait sans doute préféré n'importe quelle femme à moi après ce que je lui avais fait.
Et puis, en réalité, j'aurais eu mille autres choses à faire plutôt que de débouler chez Nolan comme ça : Avant tout, je devais m'occuper de Finn. Eh oui Elsa, tu sais, Finn, ton charmant mari qui se trouve en ce moment même en ville et qui espère toujours te récupérer. Mais sincèrement, je n'y pensais même pas en cet instant. J'étais seulement blessée et folle de jalousie et je m'apprêtais à agir sur un coup de tête, ce qui ne me ressemblait pas non plus. Mais qu'est ce que vous voulez que je vous dise ? Je ne savais plus quoi faire. Je ne savais pas si je devais rester dans mon coin et attendre que les choses se tassent avec Nolan avant de tenter une nouvelle approche, ou si j'aurais simplement dû quitter la ville et faire le deuil. Peut-être que ça aurait été la solution la plus sage, d'ailleurs. Il me suffisait d'emballer toutes mes affaires et de rentrer à New York avec Finn, continuer ma vie de nouvelle riche paisible et oublier Nolan. Mais je n'arrivais pas à m'y résoudre. Pas encore. Pas si vite.

Tu es complètement cinglée, Elsa. Tu es flippante et ridicule. J'en avais parfaitement conscience... Et pourtant, je frappai quand même à la porte de cet appartement, inspirant profondément tout en relevant le menton. Vu l'heure qu'il était, Nolan se trouvait très probablement au Golden Palace. Je pouvais donc espérer tomber sur cette nana, voir ce que je voulais voir et partir sans devoir me confronter à lui. Ce serait simple, rapide et efficace. Et particulièrement psychopathe aussi. Mais c'était trop tard, j'avais frappé, il n'y avait plus de retour en arrière possible. Je voulais la voir, c'est tout. Je voulais savoir à quoi elle ressemblait. D'accord, je voulais aussi très clairement arracher la peau de son visage avec ma pince à épiler, tout doucement, par lambeaux seulement pour avoir le temps de la voir souffrir, mais ça, personne n'avait besoin de le savoir. Finalement, la porte s'ouvrit et j'affichai un sourire poli bien que forcé. « Bonjour. Est-ce que Nolan est là ? De la part d'Elsa. » précisai-je tout en l'observant, tâchant de voir si mon prénom lui disait quelque chose ou non. Est-ce qu'il lui avait parlé de moi ? Est-ce qu'il lui avait dit que j'étais revenue ? Je l'espérais bien. En attendant, je dois bien avouer que j'étais assez déçue de la personne qui se tenait devant moi. Une brune, pas spécialement belle, pas spécialement raffinée... Juste banale. Et brune. Ce détail me désappointait un peu, je l'avoue. J'avais toujours cru que Nolan préférait les blondes, pour être honnête. Remarquez... J'avais aussi toujours cru qu'il avait de bien meilleurs goûts en matière de femme que ça. Visiblement, les cinq années d'abstinence dont il avait fait preuve en prison l'avaient poussé à prendre la première nana qui passait en sortant.

Très bien. Donc, j'étais devant une brune – oui, ce détail me troublait vraiment – qui n'avait absolument rien pour me rendre jalouse : En survêtement, pas forcément bien coiffée ni maquillée... Définitivement, je ne me sentais pas en position de faiblesse. Déjà, quelle femme digne de ce nom pouvait bien traîner en survêtement ? Je n'étais même pas sûre de n'en posséder ne serait-ce qu'un seul dans ma garde robe. En même temps, je n'avais pas fuis le Texas pour ensuite aller me fagoter comme une paysanne. Mais soit. C'était donc ça la nouvelle petite amie de Nolan. Ma foi... Je ne savais pas trop quoi en penser, pour le moment. Même dans cet accoutrement, elle n'était pas forcément laide, mais pas particulièrement belle non plus. Enfin, je ne voyais pas trop ce qu'il avait pu lui trouver et quelque part, je devais bien avouer que j'étais légèrement vexée : Il passait de moi, à ça ? D'accord. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'étais un canon de beauté non plus, mais quand même, je portais des talons à peu près tous les jours de l'année. Mais soit. D'accord. Très bien. Je ne savais pas ! Mais puisque finalement j'étais soit disant venue pour voir Nolan, j'avais quand même pris la peine de le demander, en précisant mon identité, juste pour voir si mon prénom disait quelque chose à la femme qui se trouvait en face de moi. Et effectivement, j'eus l'impression qu'elle le connaissait, voire j'eus l'impression qu'elle me reconnaissait moi dès qu'elle eut posé les yeux sur moi. Tant mieux. J'aimais l'idée que Nolan lui ait parlé de moi, même si je me doutais que ça avait été en mal. Mieux valait-il qu'il me casse du sucre sur le dos plutôt qu'il ne fasse comme si je n'avais jamais existé.

D'une manière un peu trop polie pour être sincère, la jeune femme me répondit que Nolan n'était pas là, et qu'elle pouvait éventuellement prendre un message pour lui si je le souhaitais. Sincèrement, même si j'y avais réfléchi une bonne heure, je n'aurais eu aucune idée de message à laisser pour Nolan. Je n'avais rien à lui dire, et je n'étais de toute façon pas venue pour ça. J'étais simplement venue pour voir à quoi ressemblait sa nouvelle petite amie, et maintenant que je le savais j'aurais peut-être mieux fait de m'en aller. Ceci dit, la curiosité me titilla de nouveau tout à coup. « Pas la peine. » Répondis-je d'une voix que je voulu polie également tout en esquissant un sourire de convenance. « Nolan et moi ne sommes pas en très bon termes en ce moment, peut-être que j'ai eu de la chance de tomber sur vous à la place... Hm... Ca vous dérangerait que je rentre une seconde, pour discuter ? J'aurais aimé avoir de ses nouvelles, vous êtes sans doute bien placée pour m'en donner. » Nouveau sourire, même s'il fut sans doute un peu froid. La vérité, c'était que j'avais seulement envie de savoir dans quel genre de trou ils pouvaient vivre, tout les deux. Connaissant Nolan, je me doutais que l'appartement ne serait pas très bien rangé, mais malgré tout j'avais envie d'y jeter un petit coup d'oeil. La curiosité est un vilain défaut et certes, je passais encore plus pour une psychopathe en faisant cela mais après tout, qui le saurait à part moi ? Que je veuille prendre des nouvelles de Nolan paraissait légitime, après tout. Que je préfère le faire par le biais de sa petite amie l'était également, en sachant que Nolan et moi étions en froid, voire pire que ça encore. Non ? Oh, d'accord. Peut-être pas. Mais au pire, je me fichais pas mal de ce qu'on en penserait.