Shopping's the best medecine {Elsa a.k.a BFF ♥}

Cela faisait à peu près deux heures que je tournais en rond dans ma chambre, fumant cigarette sur cigarette tout en jetant des regards inquiets à mon téléphone. La vérité, c'est que je commençais sérieusement à me demander si je n'avais pas fait une énorme erreur en invitant Finn à l'opéra ce soir, et j'étais dans l'appréhension de recevoir un message tel que « j'ai hâte de te voir », ou autre. Je ne savais pas quoi faire. D'un côté, ça me faisait vraiment mal au cœur de savoir que Finn était là, qu'il m'attendait, qu'il restait ici seulement au cas où je voudrais le voir. Et de l'autre, je savais très bien que nous voir n'arrangerait rien. Mais est-ce que je me sentais la force de le laisser comme ça ? Sincèrement, non. Bien sûr, j'aurais préféré qu'il rentre simplement à New York mais puisqu'il s'obstinait à rester ici, je ne me voyais vraiment pas continuer ma petite vie comme si de rien n'était tout en l'ignorant. Faire ça aurait juste été cruel, et contrairement à ce que l'on pourrait penser je n'avais absolument rien de cruel en moi. Je n'aimais pas faire souffrir les autres, c'est tout. Alors... J'allais y aller. J'écrasai ma dernière cigarette, prenant une profonde inspiration. J'allais y aller et essayer de faire passer une soirée agréable à Finn, tout simplement parce que j'estimais que même si j'allais le quitter, il n'y avait aucune raison pour que je lui donne déjà un avant-goût de souffrance. Inutile d'anticiper. Donc... J'allais y aller, oui. Et j'allais devoir m'habiller pour y aller. Rapidement, je me dirigeai vers mon immense dressing, passant en revue chacune de mes robes. Pour être honnête, je n'en avais pas tant que ça, la preuve : Mon dressing n'était pas entièrement plein, alors qu'à New York j'avais deux pièces complètes prêtes à exploser. Malheureusement, en partant j'avais dû laisser la majorité de mes affaires là bas, n'emportant que ce qui me tenait le plus à cœur. Bon, bon, bon. Il fallait que j'aille faire du shopping. Et il fallait que je parle à Zach, aussi.

J'attrapai mon téléphone et composai un rapide message, lui donnant rendez-vous en centre ville. J'aurais pu y aller seule, après tout j'étais plutôt indépendante, mais j'avais besoin de parler à mon meilleur ami. De Finn, de Nolan, du fait que je me sentais perdue et seule en ce moment. Oui, je me sentais très clairement seule, et ce même si j'avais enfin retrouvé Zach. C'était juste que... Je ne savais pas. New York me manquait, et les retrouvailles avec Nolan avaient été catastrophiques. J'en venais presque à me demander si au final, je n'aurais pas mieux fait de rentrer avec Finn et oublier toute cette histoire. Après tout, Nolan me détestait. Ca encore, je pouvais l'accepter, mais surtout : Nolan se fichait totalement de moi, de ce que je pouvais faire, dire, devenir, et il avait quelqu'un d'autre dans sa vie. Encore une fois, l'ignorance était la pire des choses à mes yeux. J'aurais mille fois préféré qu'il soit furieux, mais au lieu de ça, il s'était surtout montré totalement détaché... Y compris lorsqu'il avait remarqué que je m'étais mariée. C'était bien un signe que tout était terminé entre nous, non ? Je soupirai. J'avais envie d'aller au hammam. Ma foi... Pourquoi pas. J'avais bien le temps de faire ça avant de partir faire du shopping en ville. Du coup, je préparai rapidement un sac avec serviette, maillot de bain et autres produits nécessaires. Puis, je pris la voiture pour aller à l'institut de soins le plus proche et profitai d'un bon bain de vapeur puis d'un long massage. Au moins, je me sentais plus détendue, mais je me sentais toujours aussi mal. Je lui avais dit que je l'aimais, et Nolan n'avait pas bronché... Il s'était contenté de me rire au nez. AAAAAH, ELSA ! J'avais totalement envie de me jeter sous un bus à cette pensée, me sentant un peu plus idiote à chaque fois. Il fallait que je pense à autre chose. Il fallait que je pense shopping, point. Une fois mon massage terminé, j'allai rapidement prendre une bonne douche chaude, traînai encore un peu en peignoir tout en dégustant un bon thé à la menthe et allai finalement me rhabiller et maquiller avant de quitter l'institut en sentant bon le savoir noir.

Arrivée à notre point de rendez-vous, je sortis mon téléphone de mon sac à main pour vérifier l'heure et m'assurer que Zach ne m'avait pas envoyé un message pour annuler. D'accord, ce n'était vraiment pas son genre, mais il se pouvait qu'il ait eu un imprévu. Pas de message, ceci dit. Je pris donc sur moi de l'attendre et finalement, je n'eus pas à attendre très longtemps : Au bout de cinq minutes à peine, je sentis des mains familières se poser autour de ma taille et des lèvres m'embrasser dans le cou, me faisant sourire. Ca, ça ne pouvait être personne d'autre que Zach. Mon sourire s'élargit d'ailleurs un peu plus lorsqu'il passa devant moi, me saluant d'un « voilà la plus belle » qui me fit rire. Cet homme était mon âme sœur gay, je l'aimais plus que de raison et pourtant, Dieu savait que je n'étais pas du genre sentimentale. Et pourtant, mon meilleur ami comptait beaucoup plus à mes yeux que n'importe qui d'autre au monde, y compris Nolan. Au moins, Zach m'acceptait comme j'étais, même s'il n'était pas toujours d'accord avec mes décisions. C'était une qualité que Nolan n'avait pas. « Non, on ne cherche pas de tenue pour Nolan. » répondis-je doucement, mon sourire s'étant totalement effacé alors que Zach m'assurait que nous allions trouver une robe qui suffirait à lui faire perdre la tête. Mais quelle robe aurait pu convaincre Nolan de me donner une seconde chance ? Aucune, sans doute. Cette pensée m'arracha un soupir et rapidement, je pris Zach par la main avant de me mettre à avancer vers le prochain magasin de luxe. « On cherche une robe pour sortir avec... Finn. Et avant que tu dises quoi que ce soit, sache qu'il me fait de la peine, ok ? Il refuse de rentrer à New York sans moi, et il reste là, à m'attendre... J'en sais rien. Ca me fait mal au cœur, c'est tout. » Je soupirai de nouveau, reportant mon regard sur Zach. « Donc, tu vas m'aider à trouver une robe pour aller à l'opéra avec mon futur ex-mari ce soir, et s'il te plaît, tu vas le faire sans bouder. » Je savais que Zach n'aimait pas particulièrement Finn. En même temps, je ne pouvais pas prétendre que Finn soit un ange non plus : Après tout, si je l'avais quitté, c'étaient pour de bonnes raisons. Mais malgré tout, je n'étais pas certaine d'avoir envie d'entendre mon meilleur ami m'expliquer en long, en large et en travers que j'avais tort de sortir avec lui ce soir. Après... Peut-être que j'en avais besoin, même si je n'en avais pas envie. Zach était le spécialiste pour me remettre la tête sur les épaules et me mettre un bon coup de pied aux fesses, après tout.

« Je sais. Merci » Soufflai-je d'une voix reconnaissante lorsque Zach me répondit qu'il ne bouderait pas mais qu'il n'en pensait pas moins. Je savais ce qu'il pensait, je n'avais pas besoin de l'entendre une nouvelle fois. En fait, je n'avais plus besoin d'entendre quoi que ce soit au sujet de Finn : Même si je n'étais pas totalement sûre de ce que je faisais, je n'avais absolument aucune envie d'écouter une leçon de morale à ce sujet. « Tu m'as déjà vu à ramasser à la petite cuillère ? » demandai-je tout en haussant un sourcil, très peu convaincue. Je n'étais vraiment pas du genre à me laisser aller et encore moins lorsqu'il s'agissait des hommes. De toute façon, je n'étais même pas amoureuse de Finn, alors... De nous deux, ce serait plutôt lui qui serait à ramasser à la petite cuillère sincèrement. Mais de toute façon, je n'étais pas extrêmement sentimentale. Même pour ce qui concernait Nolan, je ne me laissais pas aller à la déprime. Je ne sais pas. Je n'étais pas forcément au top de ma forme mais en même temps, je ne ressentais pas le besoin de rester dans mon lit et manger du chocolat. Ce n'était pas moi, c'est tout. Mais bref. Zach n'aurait pas besoin de me réconforter et c'était tout aussi bien. Il passa son bras autour de mes épaules et m'embrassa doucement sur la tempe, me faisant doucement sourire. La seule chose qui pourrait faire que je sois à ramasser à la petite cuillère, ce serait que lui m'abandonne. Les hommes, je m'en fichais pas mal, mais Zach... C'était différent. C'était mon seul repère fixe et la seule personne que j'écoutais, y compris lorsqu'elle me disait exactement le contraire de ce que j'avais envie d'entendre. Il était peut-être le seul homme que j'aimais vraiment, au final. Lorsqu'il me dit que nous allons me trouver la tenue parfaite, je ne peux m'empêcher de pousser un petit soupir et esquisser une moue. Bizarrement, je sentais que les choses seraient plus compliquées que prévues.

Déjà, nous arrivions dans le premier magasin qui m'intéressait et rapidement, Zach retira son bras de mes épaules alors que je me dirigeais déjà vers les portants, mon regard cherchant quelque chose qui pourrait aller. Derrière moi, j'entends mon meilleur ami m'annoncer qu'il avait envie de s'acheter un costume et répondis d'un simple « hm-hm » affirmatif, mon attention étant pour le moment focalisée sur les robes. Mais en même temps, que vouliez vous que je réponde ? J'étais toujours d'accord pour acheter des vêtements, quelque soit le vêtement en question. Et puis, je pouvais me flatter d'avoir un certain goût pour les costumes et donc d'être une bonne conseillère pour Zach. Ceci dit, je devais d'abord régler mon problème de robe, sans quoi je risquais de ne pas être assez sereine pour simplement m'asseoir et regarder Zach essayer des costumes. J'attrapai un cintre, jetant un coup d'oeil à la robe qui y était posée, avant de le reposer aussi sec. La couleur était jolie, mais le modèle... Erk. C'était du Dior de l'année passée, ça. J'allais justement me retourner pour en parler à Zach lorsque je me rendis compte qu'une vendeuse s'était approchée de nous, proposant son aide. Déjà, je m'apprêtais à gentiment la renvoyer s'ennuyer derrière sa caisse, lorsque j'entendis mon meilleur ami accepter sa proposition d'une voix affable et déjà se lancer dans l'explicatif du pourquoi du comment. Je réprimai un soupir, me mordant l'intérieur de la joue pour éviter de dire quoi que ce soit. Je détestais les vendeuses. En général, c'étaient elles qui donnaient les pires conseils de la terre, d'une manière volontaire ou non d'ailleurs. Et puis, j'estimais que je n'avais pas besoin d'une petite jeunette pour réussir à m'habiller : Je m'y connaissais déjà suffisamment, non ? Zach était ceci dit plus sociable que moi, et plus enclin à accepter de l'aide également. Je pris donc sur moi, l'écoutant dévoiler toute ma vie privée à cette vendeuse tout en restant parfaitement silencieuse. J'eus presque envie d'éclater de rire lorsque je la vis rougir face au clin d'oeil de Zach, ayant très clairement envie de lui dire : « Ma chérie, ne rêve pas, il est gay. Et s'il ne l'était pas, ça ferait longtemps qu'on serait mariés lui et moi. » Mais je me retins, une nouvelle fois. D'une part parce qu'après tout je m'en fichais pas mal, et d'autre part parce que ça m'aurait obligé à ouvrir la bouche alors que je n'avais absolument aucune envie de m'adresser à elle.

« Oh, tu crois ? » demandai-je d'une voix ironique à Zach alors qu'il me chuchotait que j'allais être éblouissante. « Désolée mais j'en doute. » continuai-je un peu plus froidement, suivant la vendeuse tout en la fusillant du regard. Oui, parfois je pouvais vraiment être une garce et en l'occurrence, je me sentais parfaitement dans le personnage. Je ne sais pas pourquoi, mais je sentais que je n'allais pas être satisfaite. Je n'aimais pas qu'on choisisse mes vêtements à ma place, c'est tout. Finalement, elle nous emmena jusqu'au fond du magasin, dans une immense pièce tapissée de robes. Bien. Voyons voir ce qu'elle va nous proposer, maintenant. Rapidement, je pris place sur un des confortables fauteuils placés au milieu de la pièce, croisant les jambes tout en observant toujours la vendeuse qui semblait chercher un modèle bien particulier. Sauf que lorsqu'elle le trouva, je manquai très clairement de retirer un de mes escarpins Louboutin pour le lui jeter à la figure. « Vous vous moquez de moi ? » demandai-je d'une voix glaciale, observant le bout de chiffon qu'elle brandissait comme un trophée sous mes yeux. Aussitôt, son sourire s'effaça et elle se tourna un peu vers Zach, cherchant très visiblement de l'aide de son côté. « Qu'est ce que c'est ? Burberry ? J'ai une tête à porter du Burberry ? » Continuai-je, bien décidée à ne pas la laisser souffler. Puis, je poussai un soupir agacé et levai les yeux au ciel. « Sortez moi la dernière collection Chanel, Dior et Yves Saint-Laurent, s'il vous plait.  Et apportez moi un café, aussi.» Je sentais que nous allions y passer une heure, donc... Je la suivis du regard alors qu'elle se dépêchait de partir chercher ce que je lui avais demandé, puis reportai mon attention sur Zach qui me regardait avec désapprobation. « Pardon, j'ai été trop sèche ? » lui demandai-je d'une voix faussement  étonnée. « Mais sérieusement, j'ai une tête à porter du Burberry ? » Non. Non, non et non. Une vendeuse un tant soit peu intelligente l'aurait remarqué, après tout.

Je ne suis pas agréable et j'en ai parfaitement conscience, mais je m'en fiche : Je n'aime pas les vendeuses, et encore moins celles qui me proposent du Burberry. Cette marque, elle ne me ressemble absolument pas : Elle est faite pour les nouveaux riches et les pétasses, point. Moi, j'aime les choses plus classes et j'espérais qu'elle le comprendrait. Sauf que non, cette cruche n'avait rien compris et c'était moi qui passais pour la méchante à présent. Je suis agacée, c'est tout. Heureusement, Zach me répond rapidement que je n'ai pas une tête à porter du Burberry, ce qui parvient à me détendre un peu. C'est déjà ça. Quant à sa remarque sur le fond et la forme, je l'écoutais en souriant, ne le quittant pas des yeux. Ca m'amusait que même après tout ce temps, il cherche encore à m'adoucir et prenne le temps de m'expliquer calmement les raisons pour lesquelles je passais pour une garce aux yeux du monde. C'était touchant, vraiment. Je le vois plisser les yeux et reprendre à voix plus basse, mon sourire s'élargissant encore un peu. Là, il poussait le bouchon un peu loin, mais c'était drôle. Je finis justement par laisser échapper un petit rire lorsqu'il déclara que je passais pour une sociopathe, secouant doucement la tête. Une sociopathe, rien que ça ! Mon rire se prolongea un peu et finalement, le sourire toujours au lèvres, je haussai un sourcil amusé. « Tant mieux, j'aime faire peur. » répondis-je d'un ton faussement sérieux. Il valait mieux le prendre comme ça, sincèrement. Après tout, plutôt que d'une tueuse en série, mon comportement était plutôt celui d'une petite riche gâtée mais je l'aurais sans doute mal pris si Zach me l'avait présenté de cette manière. Là, ça me faisait juste rire. Cependant, mon sourire s'effaça assez rapidement lorsque j'entendis tousser derrière nous, mon regard se reportant sur la vendeuse qui semblait toujours aussi mal à l'aise. Elle prit quand même son courage à deux mains et s'avança, déposant mon café ainsi qu'une assiette de mignardises sur la table basse. Je haussai de nouveau un sourcil. Dans quel magasin de luxe pouvait-on se permettre d'apporter des mignardises aux clientes ? Soyons réalises : Les tailles n'allaient pas au dessus d'un 38 serré ici, ce n'était donc absolument pas le lieu pour se goinfrer. Je m'abstins ceci dit de tout commentaire, buvant une gorgée de mon café tout en laissant les petits gâteaux à Zach. Zach qui se pencha finalement vers moi tout en me disant que j'avais vraiment traumatisée la vendeuse. « Tant mieux. » répétai-je avec un sourire, reposant mon café avant de laisser échapper un petit soupir tout en observant cette empotée de vendeuse. Voyons voir ce qu'elle avait pu nous trouver, cette fois.

Elle esquissa un petit sourire, expliquant qu'elle m'avait ramené les derniers modèles sortis. Parfait. Elle avait au moins compris que je voulais voir de la nouveauté et non pas des collections datant de quelques saisons déjà. Puis, elle se risqua à sortir une robe du portant, m'assurant qu'il pourrait me plaire. J'observai la robe d'un œil critique, restant pour le moment silencieux. Ca, c'était sans doute du Chanel : Ca se reconnaissait à leur bleu nuit si profond. Elle poursuit, blablatant dans le vent : Pourquoi éprouve-t-elle le besoin si persistant de parler ? Je n'étais pas idiote, je me doutais bien qu'ils l'avaient sortis en différents coloris. Quant à la dentelle, ma foi... Pourquoi pas, mais je n'étais pas fan du bustier. Disons que pour l'occasion, je n'avais pas envie de porter ça, et ce bien que la robe soit jolie. Zach se pencha néanmoins vers moi, m'intimant de me lever pour aller voir la robe. Je levai alors les yeux au ciel, décroisant les jambes avec mauvaise volonté avant de me lever. Je m'approchai, prenant un certain plaisir à voir la vendeuse pâlir au fur et à mesure de mes pas, mes talons claquant sur le sol. « Hm, oui. Non. » donnai-je pour toute réponse. Pas besoin d'explications, après tout je n'avais aucun compte à rendre à une simple vendeuse. Nonchalamment, je pris la liberté de regarder moi-même les autres robes qui se trouvaient sur le portant, m'attardant sur un autre modèle du même bleu. Sauf que celui-ci était dos nu, dans un tissu doux et fluide, et la robe descendait jusqu'aux pieds. Je retirai le cintre du portant, me tournant vers Zach tout en lui montrant. Après avoir eu son accord, je reposai le cintre sur le portant, mais un peu à l'écart, pour pouvoir la retrouver plus tard. La vendeuse quant elle semblait de plus en plus désemparée et finalement, se rendant compte qu'elle était parfaitement inutile, elle s'empressa de reposer sa robe et de nous dire qu'elle serait dans les parages si nous avions besoin de quelque chose. Je ne pris pas la peine de répondre, sortant déjà une autre robe du lot. « Jolie, mais un peu too much, non ? » demandai-je à Zach tout en me retournant pour lui montrer la robe. Nous étions passé au Dior, et cette robe-ci était d'un rouge vif, agrémentée de quelques détails or. Mais elle était assez courte, et je ne me sentais pas d'humeur à dévoiler mes jambes. Je l'observai néanmoins encore quelques instants, réfléchissant. « Si je porte ça ce soir, je pense que Finn risque de me dévorer toute crue. » Car la robe était magnifique, et je connaissais assez bien les goûts de mon mari. Sauf que le but, ce n'était pas de lui faire tourner la tête, loin de là. « Pour une autre occasion, peut-être. » La robe alla rejoindre la première que j'avais mise de côté. Après quelques minutes, j'avais passé tout le portant en revue et retenais finalement quatre modèles : Deux Chanel, une Dior, et une YSL. « Bon, je vais essayer. » déclarai-je simplement avant de disparaître en cabine. Rapidement, je me déshabillai et enfilai la robe YSL. Elle était tout de velours vert émeraude, un décolleté plongeant en V sur le devant, et descendait également jusqu'aux pieds. Pour être sûre qu'elle tombe bien, je pris la peine de remettre mes Louboutin, et sortis finalement de la cabine, m'exposant au regard de mon meilleur ami. « Alors ? » demandai-je tout en m'avançant vers un grand miroir et tournant sur moi-même pour m'observer sous toutes les coutures. Le décolleté plongeant ne me dérangeait pas, dans la mesure où je n'avais pas une poitrine particulièrement imposante. Mais ce que j'aimais surtout, c'était ce vert émeraude profond. Voilà, on y était cette fois. Et c'était très loin de ressembler à du Burberry, madame.

Ce que j'attendais de cette soirée ? Zach venait de poser LA question et malheureusement, je n'avais absolument aucune réponse à lui donner. Je ne savais pas moi-même ce que j'attendais. Sincèrement, j'aurais aimé pouvoir prétendre que sortir avec Finn ne représentait absolument rien pour moi, que j'aurais pu aller à l'opéra avec Maria -la femme de ménage- sans que ça ne fasse aucune différence, mais c'était faux. Sortir avec Finn, surtout pour aller voir cet opéra en particulier, représentait quelque chose pour moi. Pourquoi était-ce si compliqué ? Je ne détestais pas Finn, loin de là. J'avais beaucoup d'affection pour lui, et ce même s'il avait clairement dépassé les bornes lorsque nous vivions ensemble à New York. Et puis, je devais bien avouer qu'en dehors de sa possessivité obsessionnelle, je n'avais jamais rien eu à lui reprocher : Il m'avait toujours traité comme une princesse. Lorsque je voulais quelque chose, je n'avais qu'à claquer des doigts pour l'obtenir. Et si, à l'inverse, quelque chose m'agaçait, je n'avais jamais à attendre très longtemps avant que cette chose ne disparaisse. Donc... Non, en dépit de tous ses défauts, je ne détestais pas Finn et s'il ne m'avait pas fait fuir en m'enfermant comme il l'avait fait, je serais toujours à ses côtés aujourd'hui. Malheureusement, les choses étaient telles qu'elles étaient et je ne revenais jamais en arrière ; Jamais. « Quoi que cette soirée puisse signifier, ce ne sera pas en portant cette robe que j'irai. » avais-je donc fini par répondre, posant la sublime robe Dior un peu à l'écart des autres. Non, définitivement, elle ne ferait pas l'affaire pour ce soir : Je n'avais aucune envie de me pavaner devant Finn, de lui faire désirer des choses qu'il n'aurait pas car non, je n'avais pas non plus l'intention de retourner auprès de lui. Bon, en clair je ne savais pas ce que je voulais mais au moins, je savais ce que je ne voulais pas et après tout, c'était déjà un début. Mais au final, je n'avais pas tellement envie d'en parler avec Zach maintenant. Ce n'était ni le lieu, ni le moment.

Finalement, mon choix s'était porté sur quelques robes, la première que j'essayai étant l'émeraude Yves Saint Laurent. Personnellement, elle me plaisait, mais je voulais quand même avoir l'avis de Zach. D'ailleurs, il ne tarda pas à s'approcher de moi et j'esquissai un sourire en le sentant poser ses mains sur ma taille. Un sourire qui s'élargit un peu plus lorsqu'il me complimenta, parce que oui, je pris sa remarque comme un magnifique compliment. Je tendis alors la joue vers lui, un geste qui était familier entre nous et qui voulait clairement dire : « Fais moi un bisou, je veux un bisou, parce que je te cœur. » Une fois mon bisou obtenu, Zach relâcha ma taille et vint se placer devant moi, observant mon décolleté d'un œil expert. Sur ce point aussi, je voulais connaître son avis. Et finalement, je le vis esquisser un sourire avant de déclarer que cette robe m'allait parfaitement bien. Très bien ! Nous allions la prendre, donc. Je lui répondis par un simple sourire et me détournai pour retourner rapidement en cabines, obéissant à ses ordres : Il voulait me voir dans les autres robes, j'allais donc les enfiler. Quant au prix de celle-ci, je ne pris même pas la peine de le regarder, après tout je n'en avais pas besoin : J'avais pris soin de prendre mes cartes bleues de « madame O'Reilly » pour cette petite virée shopping. Car, malgré ce que Finn avait pu me dire lors de nos retrouvailles catastrophiques, j'étais toujours sa femme et avais donc toujours pleinement le droit de vider nos comptes en banques, que ça lui plaise ou non. Mais, puisque j'achetais une robe pour sortir avec lui, je supposais que ça ne lui poserait pas trop de problèmes de toute façon. C'est dans ses pensées que j'ouvris le rideau de la cabine, prête à y rentrer pour me changer, lorsque Zach déclara qu'il voulait aller manger une fois nos achats terminés. Je me tournai alors vers lui, haussant les épaules.  « Si tu veux. Je n'ai pas spécialement faim moi, mais on ira où tu voudras. » C'était clair : Je pouvais l'accompagner, mais je n'avais pas envie d'avaler quoi que ce soit. J'étais difficile en ce qui concernait la nourriture, et surtout, j'avais bien trop peur de grossir pour me permettre ce genre de petits écarts en plein milieu d'après midi. Même un fruit, je ne me le serais pas autorisé à cette heure-ci. Quant à savoir si cela plaisait ou non à mon meilleur ami, ça m'était bien égal. Après tout, qu'est ce qu'il aurait pu me dire ? Moi, je ne disais rien, y compris lorsque je le voyais s'obstiner à rester debout, comme en ce moment même, alors qu'il aurait mieux fait de s'asseoir. Chacun ses obsessions. Je ne le jugeais pas, je ne lui faisais aucune remontrance, je ne lui donnais aucune leçon. Je savais qu'il n'aurait pas apprécié cela. Alors pourquoi m'aurait-il reproché de surveiller strictement mon alimentation alors que moi non plus, je n'appréciais pas ça ?

Finalement, je retournai donc en cabine et retirai ma robe pour enfiler la suivant, puis la suivante, et ainsi de suite. Finalement, elles me plaisaient toutes, et ce même si je ne savais pas encore laquelle j'allais porter pour cette fameuse sortie avec Finn. Mais j'aurais bien le temps d'y réfléchir plus tard. Lorsque je ressortis définitivement de la cabine, j'avais repassé mes habits normaux et laissai échapper un soupir sous le poids des robes que je soutenais difficilement : Ces tissus étaient magnifiques mais bon sang, ils pesaient lourd. Voyant Zach esquisser un geste pour m'aider, je reculai. « Non non, laisse ça. S'IL VOUS PLAIT ? » appelai-je d'une voix forte, espérant bien faire réagir cette bonne à rien de vendeuse. D'ailleurs, je me demandai si celle-ci n'avait pas passé la dernière demi heure dans l'attente du moment où j'aurais de nouveau envie de la torturer, puisqu'elle arriva presque en courant, un air affairé sur le visage. Dés qu'elle fut à ma hauteur, je ne me gênai pas pour lui jeter toutes mes robes dans les bras et me redresser, un air satisfait sur le visage. « Emballez celles-ci, s'il vous plait. » Au moins, j'avais été polie. Sans doute pas agréable, mais polie. Elle s'empressa de repartir dans le sens inverse, encombrée de toutes mes robes, alors que je me tournai de nouveau vers Zach. « Très bien ! On te cherche un costume, maintenant ? Et je t'en supplie, laisse moi être ta vendeuse, d'accord ? Je te sortirai tous les modèles que tu voudras, promis. Tu auras juste à t'asseoir et attendre que je te serve, mais je ne veux plus voir cette idiote nous tourner autour. » Ca ne me gênait pas de jouer à la vendeuse attentionnée pour Zach, loin de là, et surtout si cela pouvait nous permettre d'éviter la compagnie de cette nana stupide. En plus, je connaissais parfaitement les mensurations et les goûts de mon meilleur ami, j'étais donc parfaite pour lui proposer des modèles, non ? Et pour terminer, c'était une bonne manière, détournée et subtile, de lui rappeler qu'il ferait bien de s'asseoir quelques instants et reposer sa jambe.