I could fly far, far away from here φ (Shea)

« I could fly far, far away from here »

Charles φ Shea

Le soir se pointait déjà. Enfin, on pourrait même déjà parler de nuit. En octobre cette foutue nuit commence bien trop tôt et se termine bien trop tard. Mais qui disait soir, disait également aller bosser, et ça, ça n’avait vraiment rien de marrant. Mais la routine s’était installée à force, et comme il n’avait plus grand-chose d’utile à faire de sa vie, Charles arrivait toujours au moins trente minutes à l’avance, c’était presque à croire que l’hôtel était devenu sa seconde maison, maison dont il se passerait bien parfois. Son service ne commençait qu’à vingt heure trente, mais pour dire vrai, il ne respectait jamais cette horaire. Avant de partir, il vérifia que Titus avait de quoi passer la nuit, le petit se tenait toujours en plein milieux de sa cage tous les soirs, c’était sa façon de lui dire bonne nuit. Il attrapa son trousseau de clefs, jeta un bref regard à son reflet dans le miroir ; secoua la tête « Tu ressembles vraiment à rien ! C'est pas croyable. » puis sortit de l’appartement. Avant de prendre sa voiture et de se rendre au travail, il partit se chercher un sandwich qu’il mangerait sur le trajet. Cette rue, si animé en journée, l’était bien moins en soirée, ou du moins elle ne l’était pas à sept heure trente. A onze, c’était bien différent !

Charles poussa la porte de l’hôtel, se dirigeant vers l’escalier qui conduisait au sous-sol, là où il avait casier. Il aurait très bien pu prendre l’ascenseur, mais monter les escaliers était le seul sport qu’il s’efforçait de faire, après celui de la marche à pied. Quelques collègues bavardaient de leur côté, Charles leur passa le bonjour et ces quelques autres formalités, toujours avec le sourire ; avant de s’approcher de son casier. Poussant un énième soupir, et jetant un regard à sa montre, il se dit qu’il avait encore le temps, et qu’il pouvait encore revenir dans le hall habillé en civil – car il n’arrivait jamais au boulot en tenue, et ne repartait jamais chez lui en tenue – et regarder le va-et-vient des clients qui se dirigent vers leur chambre, ou vers le restaurant. Se torturer encore une nouvelle fois l’estomac en sentant toutes les bonnes odeurs qui en émergent. Et finir par faire la causette à un passant, qui aurait pour but de l’occuper quelques minutes, puis il retournerait en bas, et commencerait son travail. C’était… nul comme programme. Si seulement il avait été veilleur de nuit dans un musée, les statues auraient parlé, ici, à part les ronflements il n’y a strictement rien ; bon mensonge, parfois certains ne sont pas discrets – notamment au niveau des chasses d’eau qui résonnent dans tout l’hôtel – , mais sinon oui, c’est le néant. C’est en remontant les escaliers qu’il dit tout haut, et tant pis si quelqu’un l’avait entendu « Travail de merde. ». Mais étant une personne très contradictoire - voire même extrêmement contradictoire -, Charles avait sortit ses mots avec le sourire, ce sourire qui n’arrivait jamais à partir de ses lèvres.

I could fly far, far away from here

Shea ∞ Charlie

19H57, 58, 59, 20H00. La blondinette qui s'occupait de la réception poussa un énorme soupir de soulagement, et se tourna vers son collègue de travail.
- OK, j'ai fini mon service pour aujourd'hui. On se retrouve demain ?
Hors de question qu'elle s'attarde ici plus longtemps. Certains employés habitaient carrément à l'hôtel, pour Shea, c'était tout simplement inimaginable. Elle, n'avait qu'une envie : rentrer dans son chez soi, mettre les restes de pâtes de la veille à réchauffer au micro-ondes, et se caler dans son canapé devant la télé.
Elle retira donc le badge énorme qui logeait sur sa poitrine, que personne ne pouvait louper, et qui indiquait son nom, prénom et profession. Elle se dirigea ensuite vers les escaliers qui menaient au sous-sol, pour récupérer ses affaires. Elle avait horreur de ça, descendre aux casiers. Parce qu'on croisait toujours quelqu'un qui avait quelque chose à vous dire, qui cherchait une épaule pour pleurer. Elle arriva en haut des escaliers au moment même où quelqu'un montait.
- Travail de merde.
La blonde sourit légèrement, tandis que le jeune homme qui avait prononcé ses mots arrivait en haut des marches.
- Voilà qui me rassure, je ne suis pas la seule à penser ça.
Elle avait tout simplement horreur de son travail. Elle n'aimait pas ça parce qu'il fallait sourire toute la journée, être sympathique avec les clients même s'ils vous insultaient.
- Laissez-moi deviner. Elle observa quelques instants l'homme qui se tenait en face d'elle. Elle l'avait déjà vu, il passait tous les soirs devant son bureau. Veilleur de nuit, c'est ça?
La blonde ne connaissait pas grand-monde, bien qu'elle fut là depuis six mois. A la base, elle n'était pas venue ici dans le but de sympathiser avec toute la ville. Elle voulait retrouver son meilleur ami, et repartir à New-York.
Elle fixa de nouveau le jeune homme en face d'elle. Il semblait déjà fatigué alors qu'il n'avait pas encore commencé sa nuit de travail. Elle jeta un coup d’œil à sa montre, puis releva les yeux vers son collègue.
- Il me reste du temps avant que ma série fétiche commence, je peux vous proposer un café? Elle marqua une pause, grimaçant. Bien que le café du distributeur soit absolument immonde.
Elle devait bien avoir quelques pièces au fond de sa poche. Sans vraiment attendre de réponse claire, elle se dirigea tranquillement vers le distributeur dans le hall. Même s'il n'en voulait pas, elle, elle avait bien besoin d'un café.

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Charles φ Shea

Ces escaliers semblaient purement et simplement interminables, mais en soit, c’était peut-être mieux ainsi. Charles entendait quelqu’un qui descendait ces fichus escaliers, il jeta un regard bref vers sa montre, 20h01. C’était probablement ceux de l’accueil, où ceux qui terminaient leur journée à cette heure-là – et franchement, c’était des chanceux ; ne pas travailler la nuit, c’était le pied – qui étaient pressés de rentrer chez eux.
La personne qui descendait n’était autre qu’une jeune femme, ce qui était facilement repérable par le léger claquement de talons qu’elle faisait. Charles l’avait déjà aperçu, bien qu’il ne fasse attention que sans plus aux collègues qui travaillaient avec lui. Si on lui avait posé la question, il aurait simplement pu répondre que tous les deux travaillaient dans la même boîte. « Voilà qui me rassure, je ne suis pas la seule à penser ça. », elle s’était adressée à lui presque au moment où ils se croisaient. C’est qu’elle avait surement du entendre ce que Charles avait dit quelques secondes auparavant, et il ne put esquisser un sourire ; au fond de lui, ceci le rassurait également de ne pas être seul à avoir quelque chose contre cet hôtel ; bien qu’entre son propre travail et celui de la jeune fille, il devait y avoir une sacré différence. « Je vous rassure alors, vous n’êtes absolument pas la seule à le penser ! ». Comme si quelqu’un pouvait apprécier se promener autour de l’hôtel, ou entre les couloirs pour vérifier que tout allait bien. Evidemment si quelque chose tournait au drame, que pouvait-il faire tout seul ? Mais ça tout le monde s’en fichait. Lui le premier, parfois. « Laissez-moi deviner. Veilleur de nuit, c'est ça ? ». C’est qu’elle avait une bonne observation la demoiselle, ou juste un peu de réflexion. « C’est tout à fait ceci. Et vous, vous devriez être… Agent d’accueil, non ? Où réceptionniste peut-être ? ». Le trombinoscope des employés avait beau être affiché sur le panneau d’affichage des employés, Charles n’y avait jamais prêté attention.

« Il me reste du temps avant que ma série fétiche commence, je peux vous proposer un café ? Bien que le café du distributeur soit absolument immonde. ». Immonde ou pas immonde, Charles ne refuserait jamais un café. D’ailleurs, il était déjà crevé avant l’heure, et il allait très certainement s’assoupir sur un siège cette nuit, et se réveillerait en sursaut lorsque sa montre ferait le BIP du changement d’heure, comme toutes les autres nuits. Elle n’avait pas attendu sa réponse qu’elle s’était déjà dirigée vers la machine à café, Charles la suivit, après avoir brièvement vérifié qu’il avait de quoi payer cette machine « Eh bien, je ne refuse jamais un café, alors ! Si en plus, vous me permettez de boire ce café aussi immonde qu’il soit avec vous ! ». Et puis de toute façon, ce n’est pas comme s’il avait autre chose à faire, et un café le réveillerait sans doute un peu plus qu’il l’était actuellement.

I could fly far, far away from here

Shea ∞ Charlie

- Je vous rassure alors, vous n'êtes absolument pas la seule à le penser !.
Ce qui en soit, était très probable. Le nombre de personnes que Shea voyait arriver au travail le matin, ou le soir, en soupirant comme si tous les malheurs du monde s'étaient posés sur leurs épaules...c'en était presque déprimant, à force.
La blonde ne tarda pas à deviner que son interlocuteur était veilleur de nuit. Pas très dur, comme devinette. Les seules personnes qui arrivaient tard le soir pour travailler étaient les femmes de ménage et les veilleurs de nuit.
- C'est tout à fait ceci. Et vous, vous devriez être...Agent d'accueil, non ? Ou réceptionniste, peut-être?
BIM, dans le mille. A croire qu'elle avait une tête de réceptionniste. Ou alors, il était tout simplement perspicace. Elle brandit son badge de réceptionniste et l'agita légèrement devant son collègue. Ainsi, ce dernier pourrait également connaître son prénom et son nom de famille, puisqu'il était écrit aussi gros que l'intitulé de sa profession.
- Réceptionniste, en effet.
Elle proposa ensuite un café à son collègue. Celui-ci semblait fatigué. En même temps, Shea le comprenait : travailler de nuit, surveiller les allées et venues des clients dans l'attente qu'un jour, peut-être, l'un d'entre eux décide d'aller voler un morceau de pain aux cuisines...
La blonde n'attendit pas plus longtemps et se dirigea vers la machine à café. Elle fouilla au fond de sa poche, dénicha quelques pièces de monnaie.

- On a l'embarras du choix. Elle se tourna vers son camarade. Cappuccino, expresso, café latte, noisette, avec ou sans sucre?

Pour sa part, elle avait déjà fait son choix. Ce n'était pas très poli, mais elle lança son café en premier. Un cappuccino, qui aurait le goût de carton parce que les verres dans lesquelles il était servi était un verre en carton – soit disant recyclé parce que c'était meilleur pour la nature.
Elle glissa les pièces de monnaie dans la machine, tapota les quelques touches. La machine ne semblait pas réagir plus que ça. Avec un gros soupir, la blonde leva les yeux au ciel.

- Trois jours que le technicien est censé venir. Elle donna quelques coups dans la machine, celle-ci sembla se réveiller, et commença à faire couler le café. La prochaine fois, je vous offre un café dans un des meilleurs bars de la ville, ça vaudra mieux!

Elle lança ensuite le café du jeune homme, et une fois ceci fait, elle se tourna vers lui avec un sourire.

- Vous travaillez ici depuis longtemps?